LA MAYOTTE, L’accueil inconditionnel des jeunes en situation de handicap

Dans ses établissements de la région parisienne, La Mutuelle la Mayotte mobilise toute son énergie et ses expertises dans l’accompagnement d’enfants atteints de troubles psychiques ou mentaux majeurs. L’accueil inconditionnel, l’interdisciplinarité et le soutien à la parentalité sont les trois axes forts de cet engagement exemplaire où les valeurs humaines priment avant tout. Le Groupe Lourmel, partenaire de La Mayotte, a rencontré Pascal Boucart et Ophélia Karti pour une immersion au cœur de cet engagement.

« La particularité de nos établissements est d’accueillir tous les enfants qui nous sont adressés, y compris les cas les plus complexes, explique Pascal Boucart, le Directeur général de la Mayotte. Nous proposons une solution à ceux parfois considérés comme « incasables », ainsi qu’à leur famille. »

Dignité des personnes, respect de leur expression, citoyenneté et solidarité sont les fondements de cet organisme dont l’origine remonte au lendemain de la seconde guerre mondiale. Un enseignant dévoué à la cause d’orphelins psychiquement traumatisés rencontre René Laborie, le fondateur de la Mutuelle nationale de la presse et du livre. En 1948, celui-ci met trois bâtiments situés à Montlignon (Val-d’Oise) à la disposition de ce qui devient La Mayotte. « Progressivement, la Sécurité sociale s’est mise en place, des financements ont été attribués à la prise en charge des enfants atteints de troubles du comportement, raconte Pascal Boucart. La mutuelle s’est engagée dans la gestion de structures médicosociales à but non lucratif. »

Définition projet personnalisé

À la création d’un Institut de rééducation (IR) vont succéder celles d’Instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques (ITEP), puis d’Instituts médicaux éducatifs (IME) répondant aux besoins croissants d’accueil des enfants autistes. « Les ITEP ont vocation à accueillir des enfants atteints de troubles comportementaux, sans altération intellectuelle », précise le Directeur de La Mayotte.

« Notre objectif est qu’ils puissent reprendre une scolarité classique », poursuit Ophélia Karti. Chargée de mission sur l’innovation et la recherche scientifique, elle mène – dans le cadre d’une thèse de doctorat – des entretiens avec enfants et parents pour « définir le contenu du projet personnalisé des jeunes accompagnés dans nos établissements ». De projet personnalisé, aussi, il est question pour les enfants souffrant de déficiences intellectuelles ou de troubles associés à l’autisme. Pour eux, retrouver une autonomie est plus difficile. « Nous militons pour pouvoir prendre en charge ces enfants dès 3 ans, au lieu de 6 actuellement, témoigne Pascal Boucart. Grâce aux financements publics mobilisés ces dix dernières années, nous avons pu tripler nos capacités mais c’est encore insuffisant. »

« Accompagner des enfants aussi vulnérables implique de la part de nos équipes une véritable bienveillance »

Soin, éducatif et scolarité : un encadrement pluridisciplinaire

La Mayotte ne peut malheureusement pas accueillir autant d’enfants qu’elle le voudrait. « Rien que sur le Val-d’Oise, il y a environ 600 jeunes sans solution au domicile, regrette Pascal Boucart. Qui plus est, les situations les plus complexes ne sont traitées qu’en dernier par les services concernés ». Ces « cas complexes », la mutuelle s’est toujours engagée à les prendre en charge. « Nous ne choisissons pas les enfants, nous accueillons de façon inconditionnelle ceux qui nous sont adressés par la Maison départementale des personnes en situation de handicap. »

Aujourd’hui, 450 enfants de 6 à 20 ans sont suivis au quotidien par 400 professionnels dans dix établissements répartis sur six lieux en Île-de-France. Cette taille critique permet à l’organisme de conduire son action de façon autonome. « Un autre axe fort de notre démarche est l’interdisciplinarité, témoigne Ophélia Karti, nous sommes convaincus que l’ensemble des équipes, depuis la maîtresse de maison jusqu’au psychologue, en passant par l’éducateur et l’infirmière, concoure à l’accompagnement des enfants. »

Pour la partie soin, ce sont des psychiatres, psychologues, psychomotriciens, orthophonistes et infirmiers. Côté scolarité, des enseignants mis à disposition par l’Éducation nationale. Le secteur éducatif représente le plus gros des effectifs : éducateurs spécialisés (Bac + 3), moniteurs, auxiliaires, assistantes sociales, conseillers d’insertion professionnelle… « Pour encadrer un groupe de huit jeunes, il faut au moins trois éducateurs, précise Pascal Boucart.

C’est de leur part un investissement considérable. Accompagner des enfants aussi vulnérables, parfois violents, implique une véritable bienveillance. »

Une action militante pour un renforcement de moyens

Parmi les actions menées par la Mutuelle la Mayotte auprès des pouvoirs publics figure l’ouverture 365 jours par an des Instituts médicaux éducatifs (IME).

 

Les IME accueillent les enfants et adolescents atteints de handicap mental ou présentant une déficience intellectuelle 210 jours dans l’année. « Certains ont besoin de 50 jours, d’autres de 300 », défend Pascal Boucart, le Directeur général de la Mayotte. « Même si l’enfant n’est pas présent toute l’année, nous devrions être capables d’adapter la durée de la prise en charge à ses besoins réels. »

Faute de moyens, les IME gérés par la Mayotte, comme tous les autres, doivent fermer pendant les vacances. Estimé de 40 à 50 000 euros par an en ITEP et jusqu’à 60 000 euros en IME, le coût de l’accompagnement est conséquent.

Pour quel résultat ? « Il faudrait savoir à l’échelle nationale ce que deviennent ces jeunes après, recommande Pascal Boucart. Une étude d’impact permettrait de mesurer l’efficacité sociale des financements et de réajuster les modes de prise en charge. »

Une dynamique de regards croisés

Non seulement pluridisciplinaire, l’encadrement est aussi interdisciplinaire. « Les professionnels permanents travaillent sur le terrain avec les jeunes, dans les activités du quotidien, selon un principe de regards croisés, explique le Directeur de La Mayotte.

Les secteurs soin et éducatif, notamment, sont en interaction permanente. » Ainsi, l’infirmière peut déjeuner en compagnie des enfants pour évoquer leurs habitudes alimentaires ou les addictions. Un psychologue et un enseignant accompagnent les sorties au cinéma, un spécialiste en psychomotricité celles à la piscine. « De même que des éducateurs sont présents sur le temps de classe, un enseignant peut participer à des activités extrascolaires, explique Ophélia Karti. Ce métissage des compétences permet une observation complète des enfants ».

Une réponse globale aux besoins spécifiques de l’enfant

Ce travail d’observation et d’identification des difficultés individuelles donne lieu à des actions spécifiques (motricité, orthophonie, psychologie). « Nous proposons aux enfants un programme d’accompagnement à la carte avec inclusions partielles en établissement et prestations à l’extérieur, explique Pascal Boucart. Cela peut être sous forme ambulatoire à la façon des Services d’éducation spéciale et de soins à domicile. » Cette approche multiple implique un fort engagement logistique dans lequel le chauffeur joue un rôle crucial. « En groupe ou en individuel, le chauffeur de l’établissement passe beaucoup de temps avec les enfants, confirme Pascal Boucart. Plus généralement, les fonctions support ont un rôle très important. » La maîtresse de maison « a un vrai rôle éducatif auprès des jeunes pour les rendre un minimum autonome dans leur vie d’adulte future ». Les veilleurs de nuit et la secrétaire, en lien avec les parents, font aussi partie du dispositif d’accompagnement. « S’insérer dans ce fonctionnement demande un état d’esprit particulier, mais nous sommes convaincus que le croisement des formations initiales est d’une grande richesse, reprend Ophélia Karti. Le décloisonnement des disciplines permet d’apporter une réponse globale à l’ensemble des besoins de l’enfant. »

Créer du lien avec la famille

Autant que possible, la finalité recherchée par la Mayotte est l’autonomie et l’inclusion sociale des jeunes dont certains passent plusieurs années dans ses établissements. Le retour au domicile parental le week-end ou pendant les vacances est encouragé. Raison pour laquelle il faut aussi former les parents souvent démunis face au handicap et épuisés psychiquement. « Imaginez que des parents doivent s’enfermer la nuit pour se protéger des troubles violents de leur enfant, témoigne Pascal Boucart. Lors d’un séjour répit, un enfant de 8 ans a pour la première fois accepté de manger autre chose que le seul aliment que ses parents pouvaient jusqu’à présent lui donner. » L’accompagnement de l’équipe pluridisciplinaire bénéficie donc aussi aux parents. « Le jour de la signature du projet personnalisé est l’occasion d’une visite au domicile pour créer du lien avec la famille », explique Ophélia Karti. Les visites de soutien sont complétées par des projets de formation commune parents/professionnels. Et une fois par mois, les établissements ouvrent leurs portes pour des journées propices à la rencontre. « Depuis peu, nous avons lancé une interface digitale sécurisée qui permet de communiquer avec la famille, d’envoyer des photos prises lors des activités, de poster les menus des repas et d’échanger entre éducateurs et parents ». Pascal Boucart en est convaincu.

« La relation entre les établissements et la famille au sens large est encore plus importante pour les enfants en situation de handicap que pour ceux évoluant dans une scolarité ordinaire. Plus cette alliance est forte, mieux c’est pour la prise en charge de l’enfant. »

La Mutuelle La Mayotte recommande de s’adresser en premier lieu aux médecins, infirmières et psychologues scolaires et en second lieu aux Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) dont les commissions d’orientation se réunissent tous les mois.

Un gîte parental financé par Lourmel


Le gite parental de Montlignon est le résultat d’une réflexion menée par la Mayotte avec le concours de Lourmel. Notre groupe entretient des relations de longue date avec la mutuelle dont il partage les valeurs humanistes. Cette fois, l’aménagement du lieu d’accueil a été intégralement pris en charge par Lourmel. « L’ancien pavillon a été transformé en véritable maison d’hôtes disposant d’une chambre enfant, d’une chambre pour les parents et d’un studio attenant pour héberger deux professionnels, un psychologue et un éducateur », explique Pascal Boucart. L’idée est de rapprocher les parents de leur enfant pour un séjour de deux ou trois jours consacrés à des temps d’échange avec les équipes. « Grâce à cette démarche de co-éducation, les enfants placés chez nous par des mesures sociales peuvent aussi passer du temps avec leurs parents. »

Pour en savoir plus sur La Mayotte : www.mutuellelamayotte.fr